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Front Il y a dans les afflictions diverses sortes d’hypocrisie. Dans l’une, sous prétexte de pleurer la perte d’une personne qui nous est chère, nous nous pleurons nous-mêmes ; nous regrettons la bonne opinion qu’il avait de nous ; nous pleurons la diminution de notre bien, de notre plaisir, de notre considération. Ainsi les morts ont l’honneur des larmes qui ne coulent que pour les vivants. Je dis que c’est une espèce d’hypocrisie, à cause que dans ces sortes d’afflictions on se trompe soi-même. Il y a une autre hypocrisie qui n’est pas si innocente, parce qu’elle impose à tout le monde : c’est l’affliction de certaines personnes qui aspirent à la gloire d’une belle et immortelle douleur. Après que le temps qui consume tout a fait cesser celle qu’elles avaient en effet, elles ne laissent pas d’opiniâtrer leurs pleurs, leurs plaintes, et leurs soupirs ; elles prennent un personnage lugubre, et travaillent à persuader par toutes leurs actions que leur déplaisir ne finira qu’avec leur vie. Cette triste et fatigante vanité se trouve d’ordinaire dans les femmes ambitieuses. Comme leur sexe leur ferme tous les chemins qui mènent à la gloire, elles s’efforcent de se rendre célèbres par la montre d’une inconsolable affliction. Il y a encore une autre espèce de larmes qui n’ont que de petites sources qui coulent et se tarissent facilement : on pleure pour avoir la réputation d’être tendre, on pleure pour être plaint, on pleure pour être pleuré ; enfin on pleure pour éviter la honte de ne pleurer pas.
Back 233.—In afflictions there are various kinds of hypocrisy. In one, under the pretext of weeping for one dear to us we bemoan ourselves; we regret her good opinion of us, we deplore the loss of our comfort, our pleasure, our consideration. Thus the dead have the credit of tears shed for the living. I affirm 'tis a kind of hypocrisy which in these afflictions deceives itself. There is another kind not so innocent because it imposes on all the world, that is the grief of those who aspire to the glory of a noble and immortal sorrow. After Time, which absorbs all, has obliterated what sorrow they had, they still obstinately obtrude their tears, their sighs their groans, they wear a solemn face, and try to persuade others by all their acts, that their grief will end only with their life. This sad and distressing vanity is commonly found in ambitious women. As their sex closes to them all paths to glory, they strive to render themselves celebrated by showing an inconsolable affliction. There is yet another kind of tears arising from but small sources, which flow easily and cease as easily. One weeps to achieve a reputation for tenderness, weeps to be pitied, weeps to be bewept, in fact one weeps to avoid the disgrace of not weeping!

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